Le contrôle de légalité, bilan
et perspectives.
La Documentation Française vient de publier un dossier sur les collectivités
locales et le contrôle de l'Etat, avec bilan et perspectives, faisant
suite au rapport de la mission interministérielle sur l'audit du contrôle
de légalité. Plusieurs voies d'amélioration sont explorées.
En 2000, sur 7.736.756 actes transmis au contrôle de légalité, 1.713
ont fait l'objet d'un déféré préfectoral. Ce chiffre s'interprète comme
un large respect de la règle de droit par les collectivités, ou par
une insuffisance du contrôle. Il témoigne également de la concertation
entre préfets et élus locaux.
En effet, 173.875 actes ont fait l'objet d'observations quant à leur
légalité, démontrant la qualité du contrôle des services préfectoraux.
Le déféré n'est que l'ultime procédure employée en cas d'échec de la
phase pré-contentieuse. Il est à noter une disparité entre les départements.
Sur la période, 8 départements n'ont connu aucun déféré, 52 entre 1
et 10 et 40 plus de 10, jusqu'à 137 pour les Alpes-Maritimes.
Cette disparité découle du pouvoir d'opportunité des préfets. Elle a
pour conséquence d'inciter les administrés ou les associations ayant
intérêt à agir, à solliciter l'intervention du préfet, ou à saisir directement
la juridiction administrative. On constate ainsi une multiplication
des recours directs des citoyens devant les tribunaux administratifs,
en particulier à l'initiative d'associations.
Ceci se traduit également par la multiplication des mises en cause de
décideurs publics, surtout en matière de sécurité des personnes et des
biens. De 1992 et 1999, 27 préfets et 10 sous-préfets ont été concernés
par une mise en examen ou une citation directe.
La mission interministérielle propose dans son rapport certaines améliorations
:
- traiter la masse, en réduisant de 50% le nombre des actes soumis au
contrôle et en modernisant le traitement des actes par la télétransmission
;
- maximiser les compétences par le pilotage d'une stratégie locale de
contrôle par les préfectures et la mutualisation des compétences locales
des services déconcentrés ;
- encadrer l'action de contrôle en définissant un cadre stratégique
national et un cadre stratégique départemental.
Le projet de loi relatif aux responsabilités locales, en discussion
devant le Parlement, prévoit de rendre plus performant le contrôle en
réduisant son champ d'application aux actes essentiels, modernisant
son traitement (dématérialisation du contrôle par télétransmission des
actes) et permettant aux services préfectoraux de solliciter les capacités
d'expertise d'un pôle de compétence spécialisé.
Par ailleurs, le projet d'administration électronique " ADELE " 2004-2007,
annoncé en février dernier, prévoit la poursuite et l'accélération de
la dématérialisation des procédures entre collectivités territoriales
et services de l'Etat, notamment celle du contrôle de légalité.
Cette dématérialisation doit permettre l'allègement des tâches matérielles
(conception, rédaction, transmission, contrôle et archivage des actes),
la rationalisation du contrôle par l'automatisation des tâches répétitives
(enregistrement, accusés de réception, gestion des délais contentieux),
une meilleure qualité de l'expertise des actes en concentrant le contrôle
sur ceux présentant un intérêt majeur, et une plus grande sécurité juridique
des actes soumis au contrôle, en fournissant aux collectivités locales
l'expertise et le conseil qu'elles attendent du représentant de l'Etat.
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