Nous
l'avions demandé. On nous l'avait promise. Beaucoup n'y croyaient
plus. Elle est arrivée. La réorganisation des services
de la Ville a donc été annoncée par le Maire de
Paris, le 4 septembre au soir devant un certain nombre de cadres supérieurs
(directeurs, sous-directeurs, ingénieurs généraux),
et le lendemain devant les organisations syndicales. Rappelons les deux
principes énoncés par le Maire : transcrire les priorités
de la municipalité dans l'organisation de l'Administration Parisienne,
rendre plus lisible cette administration.
Tout d'abord les points positifs. Ils sont
au nombre de quatre.
La création d'une direction des Ressources Humaines répond
pleinement à nos demandes et à la nécessité,
vitale pour la Ville, de mieux accompagner l'encadrement. Il y a du
pain sur la planche.
Le recentrage de la D.C.L., en tant que direction du Logement, sur
la question du logement social, nous parait également répondre
à une véritable préoccupation des parisiens.
Le rattachement du bureau des Mairies à la direction de la
Vie Locale et Régionale parait de bon sens. Sur ce dernier
point, toutefois, on peut s'interroger sur la dimension régionale
des activités parisiennes. Visblement le chantier reste encore
immense.
La création d'un pôle administratif compétent pour
l'ensemble des questions de transports nous semble enfin une
bonne orientation. Le rattachement, à ce titre, des canaux à
la direction de la voirie ne manque pas cependant de poser des questions
et nous souhaitons bien du courage à ceux qui auront à
démêler entre la vocation patrimoniale, la contribution
écologique, le rôle traditionnel dans l'alimentation en
eau et la fonction de transport des canaux ce qui relève du fondamental
ou de l'anecdotique.
Quelques éléments de la réforme
ne pourront être appréciés qu'avec le temps.
On pense notamment à la création du second poste de
secrétaire adjoint et à la transformation de ces deux
postes en relais entre les directeurs et le Secrétaire Général.
Tout dépendra en effet de la façon dont ce nouveau niveau
se mettra en place : ou bien il permettra une accélération
des décisions et facilitera la coordination des services (et
le pari sera gagné), ou bien il aboutira à une stratification
supplémentaire engourdissant davantage notre circuit de décision.
Par ailleurs, la disparition du délégué général
aux Affaires Sociales, chargé notamment de la coordination
au plan municipal des quatre directions intervenant au titre du programme
départemental d'insertion, suppose la mise en place rapide d'un
substitut. Quant aux restructurations touchant le secteur patrimonial,
elles ont un goût d'inachevé, la notion de "patrimoine
à la Ville" n'ayant, semble-t-il, pas été
vraiment définie.
Enfin, l'ajout à l'ancienne D.I.T. des T.A.M., des Pompes Funèbres
et de la Logistique, parviendra-t-il à composer une véritable
direction des moyens généraux?
Deux propositions jettent par contre un véritable
trouble.
La première consiste à éclater les travaux neufs
et les travaux d'entretien. On croyait que la réforme entreprise
il y a vingt ans (consistant justement à regrouper ces deux secteurs
d'activité) ne serait pas remise en cause. Point du tout. Nous
exprimons sur ce point nos plus extrêmes réserves.
La seconde concerne l'articulation entre une direction de l'Aménagement
Urbain et de la Construction dopée et une direction de la Construction
et du Logement déshabillée, articulation qui suscite
des questions de fond et des questions pratiques.
Enfin, le Maire a souhaité que des propositions lui soient faites
en matière d'environnement.
Bel hommage, quoiqu'un peu limité, rendu à la concertation !
Les têtes pensantes auraient-elles sur ce dossier découvert
les vertus de l'humilité ? On s'interroge. D'autant que
pas un mot n'est prononcé sur le secteur de la jeunesse
qui, autant que l'environnement, justifierait une réflexion d'ensemble,
ni sur le problème de l'ensemble des
activités pratiquées par les amateurs parisiens,
domaine qui traverse pourtant lui aussi plusieurs directions et concerne
la vie quotidienne des habitants de la capitale.
C'est d'ailleurs là que le fond rejoint la forme. Cette réforme
se veut et se revendique venue "d'en haut", symbole d'une
légimité élective face à la superbe d'une
administration qui doit marcher au pas. Légitimité élective
elle-même sélective puisque des adjoints au maire auront
été mis devant le fait accompli. Reste
une concertation proclamée mais davantage incantatoire que réelle,
comme en atteste d'ailleurs, dernier avatar connu, la disparition-surprise
de la direction des relations internationales.
L'Union des Cadres de Paris approuve le principe d'une réforme
de l'administration et d'un toilettage de l'organigramme. L'U.C.P. ne
conteste pas les deux objectifs du Maire.
L'U.C.P. en fin est d'accord sur certaines orientations. Mais n'aurait-ce
pas été l'occasion d'une mobilisation de l'ensemble des
personnels, des cadres aux personnels d'exécution, pour suggérer
des améliorations ? Il aurait suffi au Maire
d'indiquer qu'il voulait des propositions pour réorganiser la
gestion patrimoniale, rendre plus cohérente l'action de la Ville
dans le domaine du logement, de l'environnement, des transports, de
la gestion des personnels. Parions que des propositions auraient été
faites. Les acteurs au quotidien de l'action administrative auraient
pu faire valoir les contraintes et les risques, avertir sur les erreurs
à ne pas commettre.
Mais tout n'est pas bouclé. Une commission s'est mise en place
pour examiner les modalités de mise en oeuvre des décisions
prises. Nous appelons les cadres à nous faire part de leurs remarques.
Espérons que certains choix, s'ils s'avèrent inopportuns
à l'analyse détaillée, pourront être revus
et certaines orientations affinées ou remplacées suivant
nos propositions.
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